Bruno Jovanovic

Parfumeur de Mon Vetiver 

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Essential Parfums

 

Votre souvenir olfactif le plus fort ?

Ma mère a toujours adoré les parfums, je pense que c’est elle qui m’a transmis cette passion très jeune !

Elle en avait plein sur sa commode, dont de magnifiques classiques comme Rive Gauche, Cabochard etc. Ces notes florales, chyprés et hespéridés m’influencent encore dans mes créations. 

Pour vous, un parfum c’est …

Une signature, en particulier pour celui qui le porte.

 

Portez vous du parfum ? Si oui lequel ?

Je n’en porte pas les jours où je travaille, je ne veux pas que l’odeur interfère avec mes compositions !

Quand je ne travaille pas je porte mes derniers essais, c’est un bon exercice critique que de porter ses créations, pour voir comment elles évoluent dans le temps.

Quelle est votre plus grande fierté en tant que parfumeur ?

Mon tout premier parfum, Fierce pour Abercrombie&Fitch, co-créé avec Christophe Laudamiel et Carlos Benaim est aujourd’hui considéré comme un classique ! Nous sommes tous les trois encore plus fiers de notre création aujourd’hui qu’en 2004 à son lancement. Au cours de ma carrière, j’ai eu la chance d’avoir été choisi par de très belles marques, comme Frederic Malle, Hugo Boss, Armani, Paco Rabanne, Rochas et bien d’autres, qui m’ont fait confiance pour composer leurs parfums. Je suis reconnaissant envers les designers de ces belles maisons de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer.

Quelle est la plus grande difficulté pour un parfumeur ?

Je dirai que le plus dur c’est de durer. Parfumeur n’est pas un métier facile tous les jours et c’est important d’avoir assez de résilience. Il faut réussir à tenir avec tout ce que l’on nous demande, des contraintes règlementaires aux désidératas de tous les interlocuteurs. Tenir dans la durée c’est aussi savoir rester pertinent, savoir suivre les tendances tout en apportant sa propre pierre.

Vous qui avez longtemps vécu aux Etats-Unis, quelle serait la disparité olfactive entre le marché américain et européen ?

A vrai dire, il y en a de moins en moins. Nous faisons face à une réelle globalisation de la parfumerie, les marchés autrefois régionaux s’influencent de plus en plus entre eux. Après il est vrai qu’aux Etats-Unis, les gens sont moins classiques vis-à-vis du parfum, de fait ils se permettent plus de fantaisie. C’est plus fantasque. Le parfum aux Etats-Unis c’est avant tout pour se sentir bien, se sentir sexy mais il y a moins ce rapport à la séduction d’autrui. On va retrouver des notes plus simples mais qui diffusent beaucoup de plaisir et qui sont impactantes. Les Américains assument les parfums fruités, les odeurs de propre et n’ont pas peur d’en faire leur signature. En France, on aurait tendance à composer un parfum fruité mais sur une structure chypré pour faire plus chic. Aux Etats-Unis, il y a moins de conventions : l’idée c’est d’essayer. On s’affranchit des carcans structurels de la parfumerie classique pour oser de nouvelles idées.

Qu’aimeriez vous apporter au marché européen du marché américain et vice versa ?

J’apporterai la dimension débridée, libérée du marché américain au marché français. Et à l’inverse, le caractère plus statutaire du marché européen au marché américain.

Pensez-vous que les contraintes des marques sur le pourcentage de naturalité est une tendance qui va perdurer ?

C’est une tendance très actuelle qui correspond à une demande du consommateur ; elle s’est installée depuis quelques années et semble perdurer. La naturalité apporte de la rondeur, de jolies histoires, mais elle ne doit pas empiéter sur le travail de création du parfumeur et ne pas le limiter. Mon but, lorsque je crée, c’est que mon parfum procure du plaisir et sente bon. Les ingrédients naturels, je m’attache à les intégrer dans mes formules avec justesse. Ils ne doivent pas être utilisés comme un artifice ou pour faire plaisir au marketing. L’important est qu’ils trouvent une place pertinente et créent du désir et une touche addictive. La naturalité doit faire sens. 

A quel point les allergènes ont un impact sur vos créations ?

Il y a un énorme impact ! Dans le fond, c’est une bonne chose car cela challenge la création et nous nous devons de nous adapter à ce nouveau cadre. Cela s’inscrit dans un phénomène massif de changement de la société. Après comme toutes les nouvelles prises de conscience, il y a le risque de tomber dans les extrêmes. Il ne faudrait pas que cela aille trop loin.  L’important est de maintenir un équilibre pour protéger le consommateur bien sûr et aussi préserver la création.

24/01/2023

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